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L’Assemblée des Femmes marchera le 23 novembre contre toutes les violences faites aux femmes

Nous sommes le 20 novembre 2019 : depuis le début de l’année, 136 femmes ont été assassinées par leur conjoint ou par leur ex. Deux ans après le début du mouvement #MeToo et le formidable essor de la libération de la parole des femmes, le backlash est cruel. Il a été fatal à 136 d’entre nous.

Le deuil que nous ressentons face à ces vies perdues s’alourdit implacablement tous les deux jours. Militantes féministes, responsables associatives, intervenantes en matière de lutte contre les violences et d’accompagnement des victimes, anciennes ou actuelles élues, il nous est de plus en plus difficile de garantir aux femmes victimes de violences qui se tournent vers nous qu’elles seront mises en sécurité si elles s’adressent aux forces de l’ordre.

Selon le rapport récent de l’Inspection Générale de la Justice, 80 % des plaintes pour violences conjugales sont classées sans suite. Parce que Sylvia, assassinée le 10 novembre, avait porté plainte ; parce que Julie, assassinée le 3 mars, avait porté plainte ; comme tant d’autres, cela signifie qu’actuellement, dans les bureaux de plusieurs gendarmeries ou commissariats, ou parmi les signalements transmis aux Parquets, sont rangées des plaintes portées par des femmes victimes de violences. Et parmi ces plaintes, parmi ces signalements de violences intrafamiliales, il y a de futures victimes de féminicides.

Nous ne pouvons nous y résoudre.

La lutte contre les violences conjugales et les violences post-séparation doit bénéficier des moyens adéquats face à l’urgence absolue que représentent les féminicides. Elle ne doit pas dépendre des manœuvres et des effets d’annonce du Gouvernement.

Le combat contre les violences sexistes et sexuelles est une mobilisation transversale, exigeante et difficile. Les violences infligées aux femmes se nichent dans tous les pans de la vie sociale, à la faveur des multiples manifestations du sexisme et de la domination masculine.

Ce combat s’incarne dans la lutte contre le harcèlement sexiste et sexuel, dans les bureaux comme dans l’espace public. Il s’incarne dans la lutte contre le système prostitutionnel et pour l’abolition de la prostitution. Il s’incarne dans la lutte contre la traite des êtres humains. Il s’incarne dans la lutte contre la culture du viol. Il s’incarne dans le renversement de la culpabilité et de la honte, des victimes vers les agresseurs.

Les hommes ne tuent pas par amour, pas plus qu’ils ne violent ou ne frappent par sentimentalisme : ils tuent parce que les femmes partent, par instinct de propriété ; ils frappent parce que les femmes résistent ; ils violent pour affirmer sur elles leur pouvoir.

Parce que la liberté des femmes, c'est d'aimer les hommes qui ne les possèdent pas ; parce que les violences sexuelles et sexistes représentent le plus grand obstacle à l’émancipation individuelle et collective des femmes, partout où nous nous trouvons, nous marcherons le 23 novembre.

Laurence ROSSIGNOL, Présidente

LDIF, La Ligue du Droit International des Femmes
6 place Saint Germain des Près 75005 PARIS France