LDIF, Ligue du Droit International des Femmes
A LA UNE LA LDIF VIOLENCES SPORT INTERNATIONAL
TRAVAIL CITES LAICITE MATERNITE CONTACT

LDIF > Femmes battues

Solidarité avec les filles et les femmes d’Afghanistan

1 : version française
2 : english version (following)

Solidarité avec les filles et les femmes d’Afghanistan. Pour le droit à la vie, à la sécurité, à la santé, à l’éducation.

UN APPEL ET UNE CONFERENCE DE PRESSE A BRUXELLES

Le 24 novembre 2021 à 11h -Maison des Associations Internationales (Rue Washington 40, 1050 Ixelles)

L’APPEL :
Le retrait militaire des États-Unis d’Afghanistan, le 31 août dernier, a précipité ce pays dans une terrible crise aux multiples visages ouvrant la voie à un retour au pouvoir des Talibans. Nous gardons encore en mémoire les quelques images qui ont fait le tour du monde avec des femmes devenues des ombres bleues, prisonnières dans leurs tchadris, traversant furtivement les rues, au milieu des années quatre-vingt-dix et ce jusqu’à la chute du régime en 2001.

Les femmes se sont remises à vivre, à se soigner, à sortir, à fréquenter les salons de coiffure et de beauté, à étudier, à travailler, à faire du sport, bref à s’impliquer de mille et une façons. Les petites-filles ont repris leurs cartables et ont retrouvé le chemin de l’école. Cette visibilité marquait leur retour dans l’espace et dans la vie publics. En vingt ans, des gains considérables ont été faits cultivant l’espoir d’une vie meilleure dans un pays qui peinait à sortir la tête de l’eau, frappé par l’insécurité, l’instabilité politique, la corruption endémique et les luttes claniques qui n’ont jamais cessé.

Pendant toutes ces années, les filles et les femmes ont incarné un véritable changement. L’année dernière, 3.5 millions de filles étaient scolarisées, 100 000 femmes fréquentaient des universités, publiques et privées, un millier parmi elles étaient devenues cheffe d’entreprise, 500 femmes occupaient la fonction de juge et procureur et 12 000 étaient engagées dans la police et l’armée. Cet élan a été brusquement interrompu par la reprise en main du territoire par les Taliban. Mais ces femmes sont encore là-bas, prètes à poursuivre leur œuvre et leurs chemins.

Qui plus est et en corollaire, Le pays est au bord d'une très grave crise humanitaire. Quelque 22,8 millions d’Afghans, soit plus de la moitié de la population, seront cet hiver à court de nourriture. Parmi eux, 3,2 millions d’enfants de moins de cinq ans souffriront de malnutrition aiguë d’ici la fin de l’année. Des familles en viennent donc à vendre leurs petites filles à des hommes très âgés, des milliers d’enfants traînent dans les rues au bord de l’esclavagisme. Qu’est-ce qu’on attend pour agir ?

Nous, femmes européennes de différents horizons impliquées dans la société civile, sommes très préoccupées par la situation de nos sœurs afghanes. Nous sommes très inquiètes des nouvelles qui nous parviennent de là-bas. Les femmes vivent dans une terrible peur et craignent pour leur vie et celle de leurs enfants. Certaines se suicident et d’autres sont exécutées.

A l’occasion de la Journée internationale pour l'élimination de la violence à l'égard des femmes, nous, femmes européennes de différents horizons impliquées dans la société civile exprimons notre solidarité concrète et agissante à l’endroit des femmes d’Afghanistan. Pour ce faire, nous nous adressons aux gouvernements de nos pays ainsi qu’à l’Union européenne pour que nos décideurs prennent la mesure de la situation et assument leurs responsabilités.

Pour nous, reconnaître le régime des Talibans n’est guère une option. Bien au contraire. Ça serait une trahison de nos valeurs européennes. Il faut envoyer un message clair et sans équivoque aux Taliban selon lequel la vie, la sécurité, la santé, l’éducation des filles et des femmes sont des droits non négociables. Nous saisissons cette occasion pour rappeler à l’Europe la nécessité de parler et d’agir en bloc cohérent afin d’asseoir son pouvoir tout comme le font d’autres puissances.

Nous plaidons en faveur d’un retour de l’aide humanitaire européenne tout comme nous demandons à ce que celle-ci soit conditionnelle à l’amélioration des conditions de vie des femmes et des petites filles. Ces dernières doivent renouer avec l’école, l’éducation étant leur meilleur allié.

L’autre volet sur lequel nous travaillons est l’accueil des réfugiées. Des milliers de femmes ont été jetées sur les chemins de l’exil dont certaines sont arrivées en Europe dans l’urgence et la précipitation, sans titre de séjour, abandonnant une partie de leurs familles là-bas. Nos États doivent se montrer à la hauteur de cette situation et accueillir comme il se doit ces rescapées de la mort. L’accueil n’est pas seulement du seul ressort des États, il est aussi l’affaire de chacune et chacun, de toutes et tous et bien entendu de la société dans son ensemble.

C’est pourquoi nous appelons à une large mobilisation le 25 novembre à 12h00 devant le parlement européen pour faire entendre nos voix en faveur de la solidarité et de l’accueil des femmes d’Afghanistan.

Les premiers signataires :
Assemblée des femmes (Geneviève Couraud) ; Centre Communautaire Laïc Juif (CCLJ) (Emmanuelle Einhorn) ; Collectif Laïcité Yallah (Djemila Benhabib) ; Conseil des Ex-Musulmans -Allemagne (Mina Ahadi) ; Conseil des Femmes Francophones de Belgique (CFFB) (Sylvie Lausberg) ; European Association for The Defense of Minorities (Manel Msalmi) ; Femmes Solidaires (Sabine Salmon) ; Frauen für Freiheit e. V. (Femmes pour la liberté), (Rebecca Schönenbach) ; La Fondation Anne-Marie Lizin (Michel Lizin) ; La Palabre (Khady Koita) ; Les Résilientes (Rachida Hamdan) ; les VigilantEs (Christine Le Doaré) ; Ligue du Droit International des Femmes (Annie Sugier) ; Migrantinnen für Säkularität und Selbstbestimmung (Naïla Chikhi) ; Mouvement Pour la Paix et Contre le Terrorisme (Huguette Chomski Magnis) ; NEGAR-Soutien aux Femmes d’Afghanistan (Shoukria Haidar) ; Observatoire Féministe des Violences faites aux Femmes (Viviane Teitelbaum) ; Regards de Femmes (Michèle Vianès) ; Réussir l’Égalité Femmes-Hommes (Huguette Klein) ; Synergie Wallonie pour l’Egalité entre les Femmes et les Hommes (Reine Marcelis) ; Valeurs et Spiritualité Musulmane de Belgique (Ismaël Touil) ; Women's Initiative for Citizenship and Universal Rigths (Lalia Ducos)
----------------------------------------------------------------

English version

Solidarity with Girls and Women of Afghanistan
For the Right to Life, Security, Health and education


The US military withdrawal from Afghanistan on August 31st plunged that country into a terrible, multi-faceted crisis paving the way for the Taliban’s return to power. We still remember those images, distributed around the world, showing women reduced to blue shadows, prisoners in their chadris, stealthily crossing streets, from the mid-1990s until the fall of the regime in 2001.

Women have returned to living, taking care of themselves, going out, visiting hair and beauty salons, studying, working, playing sports—in short, getting involved in a thousand and one activities. Grand-daughters have picked up their school bags again and headed back to school. This visibility marked their return to public space and public life. In twenty years, considerable gains have been made, cultivating hope for a better life in a country struggling to lift its head above water, stricken with insecurity, political instability, endemic corruption and inter-tribal conflicts that have never ceased.

Throughout these years, girls and women have embodied real change. Last year, 3.5 million girls attended school, 100,000 women attended public and private universities, a thousand of them had become business leaders, 500 women held the office of judge and prosecutor and 12,000 were engaged in the police and military. This momentum was abruptly interrupted by the Taliban’s takeover of the territory. But these women are still there, ready to persevere in their work and continue along their paths.

Furthermore, and as a corollary, the country is on the verge of a very serious humanitarian crisis. Some 22.8 million Afghans, more than half the population, will lack food this winter. Of these, 3.2 million children under five years of age will be acutely malnourished by the end of the year. Families are reduced to selling their little girls to very old men, while thousands of children hang out in the streets on the verge of slavery. What are we waiting for to act?

We European women from various backgrounds, involved in civil society, are very concerned about the situation of our Afghan sisters. We are very worried about the news reaching us from that country. Women are living in terrible despair and fear for their lives and those of their children. Some commit suicide and others are executed.

On the occasion of the International Day for the Elimination of Violence against Women, we, European women from different backgrounds and involved in civil society, express our genuine and active solidarity with the women of Afghanistan. To do this, we turn to the governments of our countries as well as to the European Union and insist that our decision-makers take stock of the situation and assume their responsibilities.

For us, recognizing the Taliban regime is not an option. Quite the contrary. It would be a betrayal of our European values. A clear and unequivocal message must be sent to the Taliban that the lives, security, health and education of girls and women are non-negotiable rights. We take this opportunity to remind Europe of the need to speak and act as a coherent bloc in order to consolidate its power just as other powers do.

We advocate for a return to European humanitarian aid just as we ask that it be conditional on improving the living conditions of women and girls. Girls and women must return to schools and universities, as education is their best ally.

The other issue we are working on is the reception of refugees. Thousands of women have been thrown into exile, some of whom have arrived in Europe in a rush and without preparation, without a residence permit, leaving some members of their families back home. Our countries must rise to this occasion and properly welcome those who have survived and escaped death. The reception of these refugees is not solely the responsibility of States; it is also the concern of each and every one of us and of course of society as a whole.

This is why we call for a large demonstration on November 25th at 12 noon in front of the European Parliament, to make our voices heard, in solidarity with and to welcome the women of Afghanistan.

Initial signatories:
L’Assemblée des femmes (Geneviève Couraud) ; Centre Communautaire Laïc Juif (CCLJ) (Emmanuelle Einhorn) ; Collectif Laïcité Yallah (Djemila Benhabib) ; Conseil des Ex-Musulmans -Allemagne (Mina Ahadi) ; Conseil des Femmes Francophones de Belgique (CFFB) (Sylvie Lausberg) ; Femmes Solidaires (Sabine Salmon) ; Frauen für Freiheit e. V. (Femmes pour la liberté), (Rebecca Schönenbach) ; La Palabre (Khady Koita) ; Les Résilientes (Rachida Hamdan) ; les VigilantEs (Christine Le Doaré) ; Ligue du Droit International des Femmes (Annie Sugier) ; Migrantinnen für Säkularität und Selbstbestimmung (Naïla Chikhi) ; Mouvement Pour la Paix et Contre le Terrorisme (Huguette Chomski Magnis) ; NEGAR-Soutien aux Femmes d’Afghanistan (Shoukria Haidar) ; Observatoire Féministe des Violences faites aux Femmes (Viviane Teitelbaum) ; Regards de Femmes (Michèle Vianès) ; Réussir l’Égalité Femmes-Hommes (Huguette KLEIN) ; Synergie Wallonie pour l’Egalité entre les Femmes et les Hommes (Reine Marcelis) ; Valeurs et Spiritualité Musulmane de Belgique (Ismaël Touil) ; Women's Initiative for Citizenship and Universal Rigths (Lalia Ducos)

LDIF, La Ligue du Droit International des Femmes
6 place Saint Germain des Près 75005 PARIS France