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La mauvaise morale d’une histoire révoltante

Communiqué
Le 24 août, 2011

Essayons d’avoir un regard froid sur les quelques éléments essentiels dont la presse s’est faite l’écho à propos du volet juridique de l’affaire DSK.

Diagnostic posé dès l’examen médical initial de Nafissatou Diallo : agression
Déduction de l’accusation à partir de données objectives: la brièveté du rapport sexuel (entre 7 et 9 minutes), établie par l’heure d’entrée de Nafissatou Diallo dans la chambre et celle de l’appel téléphonique de DSK à sa fille, donne à penser que ce rapport n’était pas consenti.
Déclaration de Nafissatou Diallo vérifiée par des constations matérielles : elle a craché par terre le sperme dont son col d’uniforme a été éclaboussé après la fellation, ce qui est confirmé par la présence de sperme et de salive sur la moquette.
Pourtant, éludant la conclusion évidente qu’il s’est bien agi d’un viol le procureur Cyrus Vance Jr a retenu des éléments extérieurs aux faits tenant à la seule personnalité de Nafissatou Diallo pour déclarer forfait et renoncer au procès.

L’accusation reproche à Nafissatou Diallo différents mensonges notamment pour obtenir le statut de réfugiée et une moralité douteuse, alors qu’elle avait été présentée comme un employé et une mère modèle, notamment par son employeur du Sofitel.
Mais où voit-on qu’il y a incompatibilité entre ces qualités reconnues et les déclarations inexactes d’une immigrée africaine dont le passé est synonyme de souffrance : excision, mariage imposé à l’enfant qu’elle était à 13 ou 15 ans ce qui en soi constitue un premier viol ? N’y aurait pas eu aussi le prix à payer en nature aux différents passeurs quand on est une jeune femme désargentée ?
Ces éléments auraient dû conduire à relativiser les mensonges reprochés à Nafissatou Diallo et à les replacer dans leur contexte.
Notons que seul son passé à été fouillé mais non pas celui de son agresseur alors même que le comportement compulsif de ce dernier avec les femmes remontait à la surface médiatique.

A partir de ces éléments sur le passé de Nafissatou Diallo, les conclusions de l’accusation dérapent dans une autre direction. Alors que le rapport du procureur continue à indiquer que « les preuves physiques, scientifiques et d’autre nature montrent que l’accusé a eu un rapport précipité avec la plaignante » et que cette brièveté a donné à penser au début que « l’acte sexuel n’était probablement pas le produit d’un rapport consenti », il est maintenant indiqué « ces éléments n’établissent pas de manière indépendante son affirmation d’un rapport sous la contrainte et non consenti » !
Me Benjamin Brafman admettant que son client a eu un « comportement déplacé », n’est-ce pas un demi-aveu ….

Ainsi, pour des considérations périphériques aux faits, le procureur choisira d’abandonner l’accusation. « Case closed ». Voilà comment un procureur ambitieux mais craintif s’est mué un des meilleurs avocats de DSK.

En conclusion, empruntons au sociologue Eric Fassin son analyse (libération du 24 août) « la crédibilité de la femme est un enjeu, plus que celle de l’homme ».

La secrétaire générale, Linda Weil-Curiel et la présidente, Annie Sugier
Membres du Comité « Justice pour Nafissatou Diallo »
Contact 06 38 39 42 92

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