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Rassemblement au Panthéon pour dénoncer l’inaction du gouvernement face aux féminicides

Près de 200 personnes se sont rassemblées devant le Panthéon jeudi en fin d’après-midi pour dénoncer l’inaction du gouvernement face aux féminicides. Depuis janvier, au moins 66 femmes ont été tuées.

Féminicides : «Je ne vous propose pas une minute de silence, mais une minute de colère»
Soixante-six femmes sont alignées jeudi soir devant le Panthéon à Paris. Toutes représentent des femmes tuées par leur conjoint ou ex-conjoint depuis le 1er janvier en France. Les bleus et sang maquillés sur le corps de ces militantes de tout âge laissent peu de mystère sur la cause qu’elles sont venues défendre. Un rassemblement et une scénographie contre les féminicides organisés par le groupe «On arrête toutes» devant le monument parisien a rassemblé environ 200 personnes. Ce collectif a été créé voilà quelques mois afin de préparer une grève féministe le 8 mars 2020 dans le sillage de la récente grève des femmes en Suisse.

Avant l’objectif de 2020, cette première action avait pour enjeu de dénoncer «l’indifférence et l’inaction du gouvernement» face à ces crimes, alors que la lutte contre les violences faites aux femmes a été désignée comme Grande cause nationale en 2018 et l’égalité femmes-hommes comme celle du quinquennat. L’heure n’est donc plus au silence mais à la colère. «Je ne vous propose pas une minute de silence, mais une minute de colère. Montrons que nous ne sommes pas inactives face à ce crime de masse», lance Sophia Hocini, organisatrice. Cris, hueés, sifflets résonnent avec toute l’intensité de cette cause sur l’esplanade.

«Patrie indifférente»
Un arc de cercle se forme autour des 66 femmes. L’hymne des femmes remplace les cris, suivi par une Marseillaise réécrite spécialement pour l’occasion. «Et nous citoyennes/Ici au Panthéon/Crions, crions/Pour que leur sang/N’abreuve plus leurs sillons.» De la colère dans la voix, Sophia Hocini égrène un à un les noms des victimes, comme Gaëlle, 29 ans, enceinte de six mois, poignardée par son compagnon. Une à une, les femmes s’allongent comme mortes. Des hommes grimés en policiers et en juges entourent les corps comme dans une scène de crime. D’autres représentent le président Macron, le ministre de l’Intérieur, Christophe Castaner, et la secrétaire d’Etat à l’égalité femmes-hommes, Marlène Schiappa. Devant ce die-in, forces de l’ordre, juges, politiques se bouchent les oreilles ou se cachent les yeux pour ne pas voir la gravité de la situation.

L’émotion est palpable, certaines femmes présentes laissent couler quelques larmes. «Au moins 304 féminicides depuis le 15 mai 2017, ci-gît la grande cause du quinquennat», indique une banderole. Le choix du Panthéon comme lieu de rendez-vous s’est imposé comme une évidence pour les organisatrices. Suzy Rojtman explique : «C’est dans la continuité de l’action des Femen aux colonnes de Buren. C’est symbolique. Devant ce symbole "Aux grands hommes la patrie reconnaissante", on répond "Aux femmes assassinées, la patrie indifférente."»

«Montrer qu’on ne s’habitue pas»
Des personnalités politiques avaient fait le déplacement. Parmi elles, Laurence Rossignol, ex-ministre des Droits des femmes et sénatrice (PS) : «Je pense qu’il faut des actions plus fréquentes, visuelles, spectaculaires. C’est indispensable pour montrer qu’on ne s’habitue pas, que ça n’est pas banal.» Laurence Cohen, sénatrice communiste, vice-présidente de la délégation aux droits des femmes insiste : «Pour obtenir l’égalité, il faut que les actions militantes trouvent un écho et soient relayées dans les hémicycles.»

Kadra, la cinquantaine, a annulé une réunion spécialement pour venir à ce rassemblement. Depuis 2011, elle participe à un maximum d’actions en France et en Italie où vit une partie de sa famille. «Ma nièce a été victime de féminicide en Italie, c’était en 2011. Elle avait 36 ans, son compagnon l’avait invitée pour son anniversaire et dans la nuit il l’a poignardée. Il n’y a pas qu’en France, la lutte pour les droits des femmes doit être universelle»,avance-t-elle. Elle a trouvé cette action très percutante. «Mais ça me déchire de voir ça… Son compagnon était un ingénieur cultivé, ce ne sont pas forcément des alcooliques et les victimes n’ont pas d’âge, comme l’a bien montré cette action», rappelle-t-elle les larmes aux yeux.

Demande d'un milliard d'euros par an
A ses côtés, Sara (1), 35 ans est ce que Sophia Hocini appelle une «survivante». D’origine indienne, elle était victime de violences conjugales : «La femme n’est parfois pas considérée comme une personne humaine mais comme un objet de possession. Il est important d’informer les gens sur ces violences et les femmes sur leurs droits», tonne Sara. Le collectif a listé une série de revendications à l’intention du gouvernement : l’application stricte des lois existantes, le versement d’un milliard d’euros par an pour lutter contre les violences conjugales afin notamment de créer 2 000 places d’hébergement dans les centres dédiés, de recruter et former 1 000 référents violences dans les commissariats et 1 000 personnels de justice pour traiter ces plaintes. Le collectif insiste aussi sur la nécessité de développer ou de créer des mesures de protection comme le téléphone grand danger, le bracelet électronique ou encore l’ordonnance de protection. Protection de l’emploi des victimes, campagnes de sensibilisation, modifications juridiques sont aussi listées. Et le combat se poursuit dès la semaine prochaine. Un collectif d’associations doit se réunir pour préparer une demande d’inscription dans le droit du féminicide. Une reconnaissance importante pour de nombreuses militantes.

(1) Le prénom a été modifié

Marlène Thomas.
Photos Cyril Zannettacci. Agence VU pour Libération
21 juin 2019 à 09:45
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Déclaration des manifestantes :
QUAND DES JUIFS SONT TUES PAR UN OU DES INDIVIDUS ON APPELLE CA, DE L’ANTISEMITISME, PAS UN JUDEOCIDE, UN GENOCIDE, LA SHOAH
« FEMINICIDE » EST UN TERME CONTESTABLE, MAIS LE GRAND NOMBRE DE FEMMES TUEES DANS L'INDIFFÉRENCE ME MET AUSSI HORS DE MOI

LE CRIME SEXISTE DOIT ETRE DENONCE ET NON PAS caché COMME IL ARRIVE SOUVENT AVEC LES CRIMES ANTISÉMITES D’AILLEURS. MAIS ON A ENCORE PLUS TENDANCE A NE PAS QUALIFIER LES CRIMES CONTRE LES FEMMES ET A EN DISSIMULER SYSTÉMATIQUEMENT LA NATURE SEXISTE.

LE CRIME RACISTE EST POURTANT LUI TOUT DE SUITE DÉNONCÉ COMME TEL. POURQUOI ? LES FEMMES SONT-ELLES LES PROPRIÉTÉS PRIVÉES DE L’HOMME ?

HORS DU MARIAGE ELLES SE FONT AUSSI ASSASSINER, LEUR LIBERTÉ EST INSUPPORTABLE.

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6 place Saint Germain des Près 75005 PARIS France