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Journal d'une révolte : Ann Pak, membre de La Ligue des femmes iraniennes

Journal d'une révolte: Ann Pak, membre de La Ligue des femmes iraniennes pour la démocratie, en exil à Paris a dès le début des événements iraniens suivi heure par heure lcs événements.

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18 juin 2009
Ahamadinéjad ou Moussavi? Les élections iraniennes et la colère du peuple!
A.Pak

Le peuple iranien, qui en avait assez de l’oppression et de la dictature du régime islamique, allait boycotter les élections présidentielles de 2009.
Le régime, dans une manœuvre et un calcul tout à fait machiavéliques pour faire miroiter un semblant de démocratie, organisa des faces à faces télévisés, et permit aux jeunes et aux femmes de descendre dans la rue, chose impossible jusqu’à présent dans la république islamique qui interdit tout rassemblement, voire toute rencontre, à partir de 22 heures.
Ainsi le régime laissa un espace. Les femmes et les jeunes en ont profité pour occuper les rues et commencer à s’investir dans les élections avec un fil conducteur « tout sauf Ahmadi néjad ».
Les correspondants et les journalistes étrangers furent même autorisés à filmer ou à photographier. Les partisans de Moussavi, en plein dans leur campagne électorale, descendirent massivement dans les rues en arborant les différents signes de couleur verte, couleur de la République Islamique, qui devint ainsi dominante même si elle ne reflète pas l’adhésion unanime.
Quels que soient les résultats des élections, ceux-ci ne sont qu’une mascarade. Pour deux raisons. D’un côté , ne peut être candidat que celui choisi par le « conseil-gardien constitutionnel » ; de l’autre, Khameny, « guide suprême », « représentant de la volonté divine sur terre », désigné par ce même conseil, peut annuler ou décider ce qu’il veut, faisant abstraction de la volonté du peuple.
Dans ce jeu, les iraniens, voulant faire barrage à Ahmadi néjad, ont voté massivement. Le jour des élections, Moussavi, le candidat adversaire d’Ahmadi néjad, a gagné avec presque 20 millions de votes. Mais la volonté du guide penche vers Ahamadi néjad.
« Ce trucage, trop gros », fit déborder le vase !!
Ce à quoi le régime ne s’attendait pas, c’était l’immense colère, trop longtemps contenue, du peuple. C’est ainsi que le régime de Téhéran tomba dans son propre piège.
Il avait permis aux jeunes de sortir de l’ombre pour se donner une légitimité internationale. Seulement les manifestants, malgré les répressions, les menaces téléphoniques, arrestations, massacres…continuent à exprimer leur révolte contre cette violence acharnée.
Actuellement, tous les dirigeants du régime, et Moussavi avec, appellent à l’arrêt des manifestations et décrètent des journées de « deuil » et de « prière » !
Il faut sauver le régime islamique.
A cela s’ajoutent les intimidations, les appels téléphonique : un message préenregistré qui dit que l’on « vous a vu dans les manifestations. Si vous y participez encore vous allez être arrêté. »
En ce moment les moyens d’informations sont coupés : pas de SMS, pas d’internet….
Et les manifestations continuent, et elles gagnent, en plus de la capitale, les autres grandes villes. Les femmes, les jeunes, les étudiants clament : « A mort la dictature, Ahamadi néjad, l’ennemi de l’Iran ».
Ils revendiquent un espace de vie, un espace de liberté.
En France, comme partout en Europe, les iraniennes et les iraniens manifestent. Dans ces manifestations, sont mélangés deux courants : ceux qui soutiennent Moussavi et ceux qui revendiquent un changement, une république démocratique et laïque et soutiennent les mêmes slogans que les dissidents de l’intérieur.
Les jeux électoraux, la querelle entre Ahmad inéda et Moussavi ne sont que des prétextes de lutte pour les iraniens. Le peuple iranien ne supporte plus le despotisme religieux.

24 juin 2009
Les forces démocratiques et progressistes, soutenons le peuple iranien !
A.Pak

Avant le 12 juin personne n’était prêt à parier sur la révolte du peuple iranien ou même à prévoir sa probabilité. Le 12 juin, un chroniqueur de France culture qualifie l’ambiance électorale comme étant « démocratique ».Et lorsque, le soir des élections, les faux résultats sont tombés aucun journaliste ne put prédire un soulèvement populaire surtout d’une telle ampleur.
C’est que les médias occidentaux ne se sont pas réellement penchés sur notre peuple, sur ses luttes et sur ses revendications, alors que depuis 30 ans, des femmes et des hommes n’ont jamais cessé de lutter contre la dictature des ayatollahs.
Mois de juin est devenue une date presque symbolique : c’est le 18 juin 1999 qu’a eu lieu le célèbre massacre des étudiants qui avaient osé réclamer plus de liberté, c’est le 12 juin 2006 que des femmes sont descendues dans la rue pour réclamer leurs droits humain et que, suite à la répression, elles ont décidé d’agir différemment et de lancer d’autres moyen de lutte, comme par exemple « la campagne d’un million de signatures ».
Je ne veux même pas rappeler ici les combats des iraniennes et des iraniens et les sanctions subies depuis la révolution islamique et surtout pendant la guerre Iran-Irak. Je ne veux même pas invoquer les assassinats des journalistes, intellectuel-les, écrivain-es…..pour illustrer le fait que les iraniennes et iraniens ne se sont jamais montrés soumis au régime islamiste durant ces 30 années.
Or, les médias français qui reflètent des informations sur toutes ces luttes sont rares, voire inexistants. Ils ont été plutôt fascinés par la supercherie du « dialogue des civilisations » très à la mode chez les bien-pensants, plutôt occupés par le nucléaire iranien gonflé à dessein par le régime pour augmenter la répression contre le peuple.
Rien sur la lutte des femmes, des hommes et des étudiants de ce pays.
Aujourd’hui, travailler pour un journaliste en Iran est extrêmement difficile. Mais les iraniennes et iraniens, malgré le censure, envoient des images et fournissent les infos aux journalistes étrangers pour pouvoir enfin faire entendre leur voix à la communauté internationale, pour enfin monter le vrai visage de ce régime et son rejet de la part du peuple.
Et cependant, certains restent sourds aux cris des manifestants. Ainsi, un journaliste de la BBC, (chassé à son tour par les autorités) relayé par des chaînes de télé françaises, déclare : « ces manifestations sont juste des rassemblements d’unité, les manifestants n’expriment aucune revendication », alors que lui-même était emporté par la foule des manifestants qui entonnaient « Marg bar dictature, Marg bar dicteurs » « mort à la dictature, mort aux dictateurs ». Et même s’il ne comprend pas la langue persane, même s’il ne sait pas la traduire, il peut au moins s’abstenir de tout commentaire, car le sien signifiait plutôt « comment-taire » les cris du peuple iranien.
Depuis le jour même des élections, les iraniennes et les iraniens en exil ont manifesté, dans tous les pays du monde, pour exprimer leur solidarité avec leurs concitoyens. Ils ont réclamé plus de liberté, plus de démocratie et une constitution laïque, comme ce fut le cas à Bruxelles à Washington ou dans des villes des Pays-Bas, ou bien à Paris.
Pourtant les médias français ont préféré couvrir un autre rassemblement, et braquer leur caméra sur celui des Mojahédine du peuple. Pourquoi ?
Ceux-ci forment un mouvement islamique et sectaire, longtemps reconnu comme terroriste.
Il est vrai que nous vivons dans un air de mise en scène. Le goût de l’exotisme, du spectacle règne avec force. Et il est vrai que les mojahédine sont parfaitement organisés et dotés d’énormes moyens financiers qui leur permettent de répondre à ce goût.
Ainsi, une des chaînes de télévision françaises les présente comme « la seule force opposante au régime islamiste. » Pendant deux jours, à l’heure des informations, ces chaînes repassent en boucle les photos et les interviews de Maryam Rajavie, leur « icône sacrée »- élue par les mojahédine, comme future présidente iranienne. Citons au passage qu’elle est bien voilée et couverte de la tête aux pieds d’un habit vert (couleur du chiisme politique).
Tout ceci occulte les véritables aspirations du peuple iranien. Si aujourd’hui les iraniennes et les iraniens sont dans la rue, s’ils affrontent la mort, s’ils se moquent des répressions et des menaces, ce n’est en aucun cas pour remplacer l’islamisme des ayatollahs, par n’importe quel autre islamisme fusse-t-il bien déguisé !
Toutes les nuits, depuis le 12 juin, la population crie sur les toits « marg bar dictature », « we want democratie », « peace in the middle east » ; tous les jours, ils sont des milliers à être battus, arrêtés, violentés ; des centaines sont tués … Les femmes, les hommes et les jeunes d’Iran ont ras le bol du dictat islamiste. C’est cela la réalité de l’Iran.
Et nous, iraniens démocratiques et laïques en exil, devons regrouper toutes nos forces et toutes nos énergies pour être à la hauteur de toutes les attentes de nos concitoyens, pour montrer à la communauté internationale le vrai visage de notre pays, pour tenir en échec toutes les tentatives d’intimidation par la religion.
Le directeur de conscience d’Ahmadinajad, un « guide suprême », vient de donner une « fatwa » en faveur des fraudes électorales et pour la liquidation « physique » de Moussavi et Karoubi ! Il est temps de relier et faire retentir le cri et le refus du peuple iranien du régime islamiste.

LDIF, La Ligue du Droit International des Femmes
6 place Saint Germain des Près 75005 PARIS France