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La LDIF soutient l'appel des femmes afghanes

La LDIF soutient l'appel des femmes afghanes réunies à Kaboul le 14 novembre 2011 à l'initiative notamment de l'association NEGAR afin de faire entendre la voix des femmes avant la Conférence de Bonn du 5 décembre prochain. Elle rappelle à cette occasion le contenu de la déclaration des droits fondamentaux de la femme afghane de Douchambé (2000), citée dans l'appel.

Le « ras – le – bol » de la Femme Afghane
Mouvement des Femmes Afghanes au sujet de la Conférence de Bonn 2011 organisé par NEGAR, les démocrates afghans et les activistes pour les droits des femmes
MANIFESTE
Adressé aux femmes leaders d’Afghanistan et du monde
et aux décideurs nationaux et internationaux
14 Novembre 2011, Salle de Conférences, Ministère de la Culture, Kaboul, Afghanistan
Le Mouvement National des femmes afghanes, réuni aujourd’hui au cours d’une conférence des femmes activistes afghanes, a déclaré ses craintes et sa position ci-dessous, à l’égard de la conférence de Bonn 2011.
Nous devons nous rappeler que l’extrême violation des droits humains et la suppression pure et simple de tous les droits des femmes afghanes avaient lieu en Afghanistan sous le régime des Talibans.
A maintes reprises nous avons fait entendre notre voix devant l’état afghan et la communauté internationale.
Rappelons les conférences suivantes :
 La première conférence des femmes afghanes s’est tenue à Dushanbe (Tajikistan) les 27-28 juin 2000, quand les milices des Taliban, avec les Fatwa iniques de Molla Omar, humiliaient avec le fouet de leur police religieuse la dignité des femmes afghanes, la famille et la noble culture de l’Afghanistan ; de cette conférence est issue la Déclaration Des Droits Fondamentaux De La Femme Afghane. Des centaines de milliers de signatures afghanes et internationales ont été collectées en soutien à cette déclaration. (En pièces jointes, la Déclaration et un échantillon des signatures.)
 La deuxième conférence des femmes afghanes s’est tenue les 7-9 juin 2002, au sujet de la Loya Jirga d’Urgence à Kaboul (Afghanistan) ; au cours d’une déclaration, elle a fait l’écho des besoins et demandes des femmes afghanes à l’égard de la reconstruction de l’Afghanistan.
 La troisième conférence des femmes afghanes s’est tenue les 4-6 Décembre 2003, au sujet de la Loya Jirga constitutionnelle, à Kaboul (Afghanistan) ; elle a demandé l’introduction des décisions de la Déclaration Des Droits Fondamentaux De La Femme Afghane dans la Constitution Afghane, et une présence de trente pour cent de femmes dans les postes d’élues et les postes de décision de l’état.
Un nombre important d’autres conférences, colloques, en Afghanistan et dans le monde ont eu lieu sur ce sujet…
Après la période des Talibans et la conférence de Bonn du 5 décembre 2001, nous sommes aujourd’hui à l’aube de la conférence de Bonn du 5 décembre 2011.
Durant ces dix années, nous, les femmes afghanes, non seulement nous avons regagné nos droits déchus, mais de plus nous les avons fait évoluer et progresser.
Dans les domaines comme l’éducation, l’égalité des droits des femmes et des hommes dans la constitution de l’Afghanistan, la participation des femmes dans les domaines politiques, sociaux, économiques et dans d’autres secteurs…, nous avons eu des avancées considérables.
Malgré tout cela, il nous reste beaucoup de problèmes de tout ordre devant nous dont nous devons nous occuper et que nous devons régler.
Malheureusement, la conférence du 26 janvier 2010, qui s’est tenue à Londres avec des dépenses excessives, a déclenché les négociations dites de la paix, et a obtenu l’accord de 70 pays, et par ce biais a donné une semi - reconnaissance au mouvement des Taliban. Pourtant avec tant de dépenses et de tentatives de la part de l’état, non seulement ces efforts n’ont pas donné de résultat positif pour le peuple afghan, mais au contraire ont causé plus d’instabilité et d’insécurité, ont entraîné la mort de nombreux civils et militaires afghans et étrangers, et l’assassinat en chaîne des leaders politiques de l’Afghanistan.
Nous voulons insister sur le fait que ces organisations terroristes ne sont pas afghanes, mais sont des milices et des profiteurs qui sont financés et commandités par les ennemis de la paix en Afghanistan.
Dans d’autres termes, sous prétexte de paix et de réconciliation, une politique étrange est en cours, qui veut encore une fois instaurer et imposer la période obscurantiste des Taliban en Afghanistan.
Nos demandes sont les suivantes :
Nous voulons la paix, la justice, la sécurité et le développement économique pour notre pays, mais
déclarons que :
Nous ne voulons plus jamais cela
1. La Constitution Afghane, la Déclaration des Droits de l’Homme, et toutes les obligations internationales de l’Afghanistan par lesquelles les droits politiques, économiques et sociaux des femmes afghanes sont garantis, ne doivent pas être marchandées.
2. Aucun pays, y compris l’état afghan, n’a le droit d’introduire des criminels et les ennemis des Droits de l’Homme, du processus démocratique et des Droits de la Femme, dans le système politique actuel de l’Afghanistan. Mais nous ne sommes pas contre le retour des Taliban afghans de base qui ont été embrigadés dans ce mouvement à cause de problèmes quelconques.
3. Nous demandons à la communauté internationale de ne pas permettre que l’Afghanistan retourne encore une fois dans les années obscurantistes d’avant 2001.
4. Nous soutenons la Déclaration des Droits Fondamentaux de la Femme Afghane (jointe à ce manifeste); elle doit être respectée.
5. Nous avons besoin de la poursuite de la collaboration politique, économique et sociale de la Communauté internationale en faveur des femmes afghanes. Les résultats de ce soutien dans différents domaines de la vie des femmes afghanes témoignent de cette réalité.
Soyez avec nous, aidez-nous et croyez en nous !
De nombreuses personnalités, des activistes pour les droits humains, des organisations et des associations pour les droits des femmes ont participé et soutenu cette action :
- Personnalités et activistes pour les droits des femmes : India d’Afghanistan (ambassadrice culturelle en Europe), Dr. Ranguin Danfagh Esponta (conseiller national à la sécurité), Dr Daud Shah Sabah (gouverneur de Hérat), Habibah Sourabi (gouverneur de Bamiyan), Mr. Mansouri (ministre du Développement Provincial) et son vice-ministre Wais Barmak, Mubarez Rashidi (vice-ministre de la culture), Humeira Ludin Etemadi (adjointe au bureau du président), Dr Azizi (ministre d’état des affaires parlementaires), Amrullah Saleh, Sarah Esmati, Tajouar Kakar, Najibullah Kabuli, Malika Popal, Makai Siawash, Sultanah Parwantah, Kamela Qaneh, Hameda Nouristani, Fawzia Ehtemadi, Sultanat Kohi, Mary Nabard, Rokhshana Ulumi, Nouria Atchekzai, général Hafiqullah Amerkheil, Fahim Kohdomani, Hawa Rezayi, Karima Falek, Shukria Wali, Fawzia Kakai, Roqyah Atchekzai, Fawzia Habib, Kobra Sadat, Fatana Sultani…
- Sénateurs/trices: Goulalai Akbari, Waleda Safi, Hylah Attikzai, Bakht Bibi Rahimi, Zahra Sharifi, Mahsouma Sadat, Aziza Maslah, Rana Tarin, Shahnaz Ghaussi, Belqis Roshan, Shahla Sharifi, Mr. Isidyar, Mr. Nesor Ahmad Ares, Mr. Alfati, Ahmad Jawed Rauf, Baqi Baryal…
- Député(e)s: Fawzia Koufi, générale Nazifa Zaki, Fawzia Naseryar, Nadja Aimaq, Saifurah Niazi, Fawzia Raufi, Fahima Sadat, Maryam Koufi, Shirin Mohseni, Brishna Rabi, Rubabah Parwani, Nahid Farid, Habiba Sadat, Mr. Said Ali Kazemi, Mir Ahman Rahmani, Saudati, Bibi Hamida Yusefi, Safia Aimaq, Shekeba Hashemi…
-Choura Provinciale: Maryam Ahmadi, Jolina Faizi, Zakia Rahimi, Marzia Rahimi, Aziza Tamim, Fatema Mushtaq, Mahsuma Husaini, Zarghuna Kakar, Nassissa Hedjran, Nasrin Khamush, Goulalai Sadjatkheil…
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Contacts : Shoukria Haidar, 0799327365 / 0033660139830 / Chantal Veron, 0033662180439
negarafghanwomen@yahoo.fr / feghan_zan_afghan@yahoo.com
Web sites : www.negar-afghanwomen.org , www.afghana.org



DÉCLARATION DES DROITS FONDAMENTAUX DE LA FEMME AFGHANE
Douchanbé – 28 juin 2000
SECTION 1
Considérant qu’aujourd’hui en Afghanistan, la Déclaration des Droits de l’Homme ainsi que tous les textes internationaux s’appliquant aux droits des femmes énumérés dans la section 2 du document sont systématiquement bafoués,
Considérant que tous les règlements promulgués par les Taliban concernant les femmes sont en opposition totale avec les textes internationaux cités dans la section 2 de ce document,
Considérant que les tortures et traitements inhumains ou dégradants imposés par les Taliban aux femmes en tant que membres actifs de la société ont mis en danger la société afghane,
Considérant que la violence quotidienne qui s’exerce contre les femmes en Afghanistan se traduit pour chacune d’entre elles par un état de détresse profonde,
Considérant qu’en l’absence d’Etat de droit en Afghanistan, les femmes se trouvent dans une situation de danger permanent,
Considérant que les discriminations de sexe, de race, de religion, d’ethnie, de langue, de localité, etc…, sont sources de violence (viol, insultes, coups, lapidation, etc),
Considérant que la pauvreté et le manque de droit de circulation forcent la femme afghane à la prostitution, l’exil, au mariage forcé, à la vente, au trafic de filles, etc…
SECTION 2
La déclaration qui suit est élaborée à partir des documents suivants :
 Charte des Nations Unies
 Déclaration des Droits de l’Homme
 Convention internationale des Droits Economiques, Sociaux et Culturels
 Convention Internationale des Droits Civils et Politiques
 Convention des Droits de l’Enfant
 Convention d’élimination de toute forme de discrimination contre les femmes
 Déclaration d’élimination de la violence contre les femmes
 Droits Humains des Femmes des Nations-Unies
 Constitution de l’Afghanistan de 1964
 Constitution de l’Afghanistan de 1977
 Déclaration de Beijing
SECTION 3
Le droit fondamental des femmes, comme de tout être humain, est de vivre en dignité, ce qui implique les droits suivants :
1. Le droit à l’égalité entre hommes et femmes et le droit à l’exclusion de toute forme de discrimination ou de ségrégation fondée sur le sexe, la race, la religion, ou autre
2. Le droit à la sécurité personnelle et à ne pas être soumise à la torture ou à des traitements inhumains ou dégradants
3. Le droit à la santé physique et mentale pour elle et son enfant
4. Le droit à la protection égale de la loi
5. Le droit à l’éducation institutionnelle incluant toutes les disciplines y compris physiques
6. Le droit à des conditions justes et favorables de travail
7. Le droit de circuler librement, indépendamment
8. Le droit à la liberté de pensée, d’expression, d’association et de participation politique
9. Le droit de porter ou non le voile ou l’écharpe
10. Le droit de participer aux activités culturelles, y compris le théâtre, la musique, le sport
SECTION 4
Cette déclaration qui a été préparée par les femmes afghanes affirme et souligne ceux des droits essentiels que nous, les femmes afghanes, reconnaissons comme les nôtres pour nous-mêmes et les autres femmes afghanes.
C’est un document que l’Etat afghan doit respecter et appliquer.
Ce document correspond à un moment de notre action et pourra être complété ultérieurement.
Contacts: negarafghanwomen@ymail.com; www.negar-afghanwomen.org
tel : 06 61 34 75 73; (33) 06 61 34 75 73

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