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Asia Bibi : la présidente de la LDIF parmi les signataires d’une lettre ouverte en sa faveur

LETTRE OUVERTE AUX PRESIDENT ET PREMIER-MINISTRE DE LA REPUBLIQUE ISLAMIQUE DU PAKISTAN LIBERTE POUR ASIA BIBI !
 
Monsieur le Président de la République Islamique du Pakistan, Arif Alvi,
Monsieur le Premier-Ministre de la République Islamique du Pakistan, Imran Khan,
 
Ce 30 octobre 2018, la Cour suprême, à Islamabad, du pays que vous dirigez, la République islamique du Pakistan, émettait un verdict, aussi juste que courageux, acquittant de tous ses chefs d’accusation Madame Asia Bibi, une femme, d’obédience chrétienne, condamnée à mort (par pendaison), il y a huit ans, pour un présumé blasphème.

Son hypothétique tort  aux yeux des religieux les plus extrémistes du lieu où elle habitait alors, la région du Panjab, à grande majorité musulmane ? Avoir osé boire, en cette fatidique date du 14 juin 2009, à une fontaine publique, où elle était théoriquement interdite, par ce que les mêmes intégristes de votre pays appellent abusivement la « loi islamiste » (la charia), au motif de sa prétendue « impureté » en tant que chrétienne précisément ! Ainsi, en attendant que cette abominable et rétrograde sentence, digne d’un autre âge que celui de nos démocraties modernes, et de la civilisation en général, ne soit appliquée, a-t-elle déjà passé huit ans de sa vie – huit longues et douloureuses années – en une obscure prison de Rawalpindi, où, de surcroît, elle était cruellement mise au supplice psychologique de l’isolement.

C’est de cette prison, précisément, que Madame Asia Bibi devait être libérée ces jours-ci, après que la Cour suprême de la République Islamique du Pakistan ait donc prononcé, le 30 octobre dernier, son acquittement. Or, aujourd’hui, Madame Asia Bibi n’a toujours pas retrouvé cette liberté qui lui était pourtant juridiquement due, en plus de lui avoir été humainement promise. Pis : il semble que, face à la violence des protestations, dans les principales villes de votre pays, qui ont suivi ce noble verdict, votre Gouvernement ait finalement décidé, après avoir trouvé un supposé « accord » avec ces mêmes fondamentalistes islamistes qui l’avaient outrancièrement condamnée dès le départ, de postposer, sinon d’annuler, sa libération !

Vous comprendrez donc aisément, Monsieur le Président Arif Alvi et Monsieur le Premier-Ministre Imran Khan, notre profonde indignation morale, en plus de notre légitime incompréhension intellectuelle, face à ce qui apparaît ainsi là, de votre part, comme une malheureuse capitulation. Davantage : une négation, sinon un outrage, au Droit lui-même ! D’autant que, comble de notre étonnement (c’est un euphémisme) devant pareille contradiction, vous êtes vous-mêmes, tous deux, les illustres fondateurs, dans votre pays, du « Mouvement du Pakistan pour la Justice », ce même parti qui vous a portés au pouvoir.

Ainsi donc, chers Messieurs, au nom de ces mêmes valeurs de justice et d’éthique que vous prétendez vous-mêmes défendre, vous demandons-nous instamment de respecter cet ultime verdict émis par la Cour suprême de votre propre pays, la République islamique du Pakistan, en remettant effectivement en liberté, toutes affaires cessantes, Madame Asia Bibi.

C’est aussi là, en plus de son humanisme, un enjeu de civilisation, au sein duquel, conformément à ce que nous enseignèrent les esprits les plus cultivés et charitables du Siècle des Lumières, nous nous honorons de prôner, quant à nous, la tolérance religieuse, la pluralité des idées et, osons-nous dire également en cette circonstance, l’égalité entre les sexes.

Cet appel à la libération de Madame Asia Bibi, du reste, nous l’avions déjà adressé, quelques-uns de mes amis intellectuels et moi, il y a quatre ans, pratiquement jour pour jour, le 25 novembre 2014 pour l’exactitude, en une « lettre ouverte », également, au précédent Président du Pakistan, Monsieur Mammoun Hussain, ainsi qu’en témoigne cet article, parmi d’autres, paru dans la presse internationale. Mais, alors, en vain ! Aussi espérons-nous, très sincèrement, être mieux entendus, aujourd’hui, par vous-mêmes.

De grâce, la liberté pour Asia Bibi !
DANIEL SALVATORE SCHIFFER

LDIF, La Ligue du Droit International des Femmes
6 place Saint Germain des Près 75005 PARIS France